Marquis Guillaume Levasseur de Beauplan (1595–1685)

Marquis Guillaume Levasseur de Beauplan
(1595–1685)
ingénieur, cartographe

Né à Dieppe vers 1595, Guillaume Levasseur, Seigneur de Beauplan, Ingénieur du Roi, servit dans sa jeunesse en qualité d’officier d’artillerie les rois Sigismond III et Ladislas VII Vasa de Pologne. De 1632 à 1648, il prit part aux campagnes menées contre les Tatars de Crimée. En qualité d’ingénieur, il fut chargé de relever la topographie et les fortifications de l’Ukraine, alors fort mal connues. C’est ainsi qu’il put étudier sur place les mœurs de la population ukrainienne, notamment ceux des Cosaques zaporogues.

Il commença à se faire connaître par la publication de la première carte détaillée de l’Ukraine. Celle-ci vit le jour en deux étapes : une première version, en un feuillet, fut gravée à Dantzig (Gdansk) en 1648. La seconde, comportant neuf feuillets, parut dans la même ville en 1650 sous le titre « Delineatio specialis et accurata Ukrainae ».

A son retour en France, en complément à sa carte, Guillaume Levasseur de Beauplan rédigea l’ouvrage intitulé « Description d’Ukranie qui sont plusieurs provinces du royaume de Pologne contenues depuis les confins de la Moscouie, jusques aux limites de la Transilvanie, ensemble leurs mœurs, façons de vivre et de faire la guerre ». La première édition vit le jour à Rouen en 1650, avec un tirage très limité, et c’est la deuxième édition de cette œuvre, toujours à Rouen, en 1660, qui valut à son auteur la célébrité.
Levasseur de Beauplan mourut à un âge avancé, vers 1685.

Dans sa « Description » on relève nombre d’observations fines, de témoignages piquants et de jugements aujourd’hui encore utiles à notre compréhension de l’ « ample terroir d’Ukranie » :

« La fertilité du terroir leur produit du grain en telle abondance qu’ils ne sauraient souvent qu’en faire. »

A propos des mosaïques de la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev : « […] ce travail est fait de fort petites pierres de diverses couleurs, resplendissantes comme du verre, lesquelles sont si bien adaptées, qu’on ne saurait discerner si c’est peinture ou tapisserie. »

« Ce pays nouvellement conquis est un boulevard inexpugnable contre la puissance des Turcs et la violence des Tartares, et une forte barrière capable d’arrêter leurs nuisibles et fréquentes courses, ces ennemis se trouvant grandement étonnés de rencontrer, en une province qui servait de passage à leurs conquêtes, la cause infaillible de leur honte, aussi bien que de leur ruine. »

« Il n’est point de Chrétiens qui entendent comme eux la méthode de n’avoir point souci du lendemain. […] Ils ne veulent point travailler si ce n’est lorsque la nécessité les presse. […] Il leur suffit qu’ils aient de quoi manger et boire. […] Je ne crois pas qu’il y ait nation au monde semblable à la leur, pour ce qui concerne la liberté de boire. »